Congo : Alain Mabanckou plaide pour un dialogue inter-congolais auprès de François Hollande

L'écrivain congolais Alain Mabanckou a été reçu le 14 juin dernier en entretien par le président François Hollande. Dans une tribune qu'il a publiée après cette rencontre, l'auteur de « verre cassé » détaille les raisons de sa démarche qui quoi qu'il en soit, agace du coté de Brazzaville. Extraits.

« Il ne s’agissait pas pour moi d’implorer une quelconque intervention auprès de l’ancienne puissance coloniale – encore que les politiques que certains dirigeants africains francophones ont menées jusqu’à présent sont toujours allées dans ce sens puisque bon nombre d’entre eux sont arrivés ou se maintiennent au pouvoir en empruntant une béquille et une cravache à la France.

Pourquoi laisserions-nous le destin de l’Afrique aux mains de ces quelques «diplomates» européens officieux qui prétendent agir au nom de la France alors même qu’ils n’ont aucun mandat, servent plutôt les intérêts des monarques à vie, et rêvent que l’Afrique demeure dans les ténèbres afin que ce fonds de commerce lucratif perdure?

Les propositions que j’ai détaillées dans le document remis à François Hollande ont pour dénominateur commun la nécessité d’un dialogue: initier une rencontre sous l’égide de la communauté internationale.

En somme, un dialogue sans exclusif, regroupant aussi bien la société civile que les différentes tendances politiques congolaises pour hâter l’avènement d’une culture démocratique, institutionnelle et administrative.

Ce dialogue ne pourrait cependant s’ouvrir qu’après la libération des prisonniers politiques et l’arrêt des bombardements dans la région du pool, au sud du pays, imputés au régime actuel.

Pendant que je m’entretenais avec François Hollande à Paris, l’un des principaux opposants congolais – Jean-Marie Michel Mokoko – était interrogé à Brazzaville par la sécurité d’Etat avant d’être mis en garde à vue. Une situation qui est évidemment loin de hâter le climat de paix et qui contribue plutôt à aggraver les causes du divorce entre les dirigeants actuels du Congo et ce peuple qui n’a plus pour seule arme que le soutien que nous lui apportons. »

Arrielle KAMBISSY