Zimbabwe : Grace Mugabe annonce qu'elle était prête à succéder à son mari

L’épouse de l’inoxydable président du Zimbabwe, Robert Mugabe, 93 ans, dont trente-sept au pouvoir et près de trente à la tête du pays, Grace Mugabe a annoncé dimanche 5 novembre 2017 qu'elle était prête à succéder à son mari.

«Je dis à M. Mugabe : vous devriez me laisser prendre votre place », a lancé Grace Mugabe devant des milliers de personnes dans un stade de la capitale du Zimbabwe, Harare.

«N’ayez pas peur. Si vous voulez me donner votre poste, donnez-le-moi librement », a conclu Mme Mugabe.

Robert Mugabe a déjà annoncé qu’il briguerait un nouveau mandat lors de l’élection présidentielle de 2018.

L’actuel chef d’État zimbabwéen, en tant qu’ancien leader de la guérilla nationaliste, a lutté pour l’indépendance du Zimbabwe jusqu’en 1980, année où le pays accède à la souveraineté internationale. Ce faisant, il est considéré comme l’un des « pères de l’indépendance » du pays. Position qu’il exploitera pour asseoir sa légitimité. La mémoire de ce combat est la force principale de Mugabe.

Un programme « d’éducation populaire » à travers les médias et les programmes scolaires a d’ailleurs été mis en place en 2000 pour que le peuple n’oublie pas cette dette historique. Et des initiatives populistes telles que le programme de réforme agraire, consistant en réalité à remplacer les propriétaires « blancs » par des oligarques « noirs » de son entourage, sont maquillées comme la continuité directe du combat pour l’indépendance et un besoin constant de lutter contre l’impérialisme.

En outre, le cadre juridique qui a été pendant longtemps largement en sa faveur participe à cette longévité. La première constitution du pays, celle issue des accords de Landcaster House, a subi environ quinze amendements, tous allant dans le sens des intérêts du parti au pouvoir.

Notons que l’article 51 de la loi électorale lui a donné la possibilité de suspendre ou d’annuler les résultats d’une élection, ou même de modifier par décret toute législation ou réglementation ayant trait à l’organisation des élections sans être tenu de consulter quiconque. C’est donc sans surprise que Robert Mugabe a une mainmise totale sur l’appareil étatique.

Il avait promis en 2008 que tant qu’il serait vivant, l’opposition n’arriverait jamais au pouvoir.

Promesse tenue.

Germaine Mapanga / Les Echos du Congo Brazzaville