RDC – Diaspora : Anicet Mobe, un combattant de la liberté s'en est allé

Anicet Mobe Fansiama, universitaire, analyste politique, chercheur en Sciences Sociales mais aussi conseiller culturel du Collectif des intellectuels congolais de la place de Paris. L'homme a tiré sa révérence et soudain, les intellectuels africains et notamment congolais d'Europe se sont sentis orphelins.

Anicet Mobe Fansiama est mort. Passé les instants de stupéfaction de doute et d'abattement, de partout, la nouvelle se relaie telle le porteur de torche qui va de village en village, à travers la forêt africaine, annoncer la terrible nouvelle.

Terrible, elle l'est, cette nouvelle tant le grand-frère Anicet, ainsi que le nommait ceux qui étaient en âge ses cadets, le grand-frère Anicet disais-je était d'un contact enrichissant pour ceux qui avaient croisé sa route.

L'homme était d'un contact facile et engageant, rationnel et pédagogique dans toute discussion.

Journaliste naguère à Radio Mangembo à Melun, j'ai régulièrement reçu Anicet Mobe dans des émissions-débats. Sa maîtrise des sujets notamment historiques sur la RDC son pays et l'Afrique ainsi que leur impact sociologique aux conséquences politiques, dénotait d'une réelle connaissance des éléments en discussion.

Avec Anicet Mobe, les mots étaient des concepts qui telles des poupées russes généraient des tiroirs enrichissants, les uns après les autres.

Avec lui, on apprenait toujours quelque chose de nouveau ou on complétait une connaissance partiellement acquise.

Anicet Mobe, c'est un combattant qui hélas, passe l'arme à gauche. Sa parole était son arme. Celle qui dénonçait les dérives ou rétablissait les vérités historiques.

Anicet Mobe débattait, plutôt qu'il ne se battait. Ainsi, la force de ses arguments avait emprise sur les arguments de la force dont il était foncièrement réfractaire.

Hélas, son combat, celui du rétablissement d'une vérité structurelle en RDC, substrat sur lequel devant s'élever la nouvelle société congolaise qui sachant d'où elle vient, envisagerait l'avenir avec efficience et assurance, ce combat, il n'en aura pas vu l'aboutissement, pourtant il aura essaimé autant d'idées qui continueront de germer pour l'avenir et le devenir du Congo et de cette Afrique qu'il a tant aimées.

Au revoir Grand-frère, ta mort, je ne sais pas si je dois en pleurer ou m'en marrer, comme on aimait à se marrer, préparant nos émissions.

J'y pense encore, j'y pense grand-frère et je sais que tu n'es nullement parti. Tu es simplement dans la pièce d'à coté, de l'autre coté de la rue.

Puissent tes idées qui ont germé en nous, toujours chanter ton éternité.

Benoît BIKINDOU