Gabon – Contentieux électoral : Ali Bongo – Jean Ping, le bal des tricheurs ?

Suite au recours déposé auprès de la Cour constitutionnelle par le camp de Jean Ping, Ali Bongo Ondimba et ses partisans ont formulé une réponse mercredi dernier auprès de l'instance. Si on s'en tient à l'argumentaire et aux preuves apportées par les uns et les autres, il y a de quoi dire : « tout le monde est coupable, peu importe ce qu'ils disent... »

Le camp d’Ali Bongo a répondu mercredi 14 septembre aux griefs exposés par son rival Jean Ping devant la Cour suprême. Dans ce contre-argumentaire figurent, face aux accusations portées par son adversaire malheureux, figurent comme preuves matérielles, des photocopies issues des procès verbaux authentiques des votes.

Ali Bongo et ses avocats insistent sur les scores réalisés par Jean Ping dans les 2ème, 5ème et 6ème arrondissement de Libreville. D’après ces documents, ce dernier a remporté la majorité des suffrages dans tous les bureaux de vote des 2ème et 5ème arrondissement. Mieux, Jean Ping réalise 98% des suffrages dans le 5ème et 97% dans le 6ème.

Le clan Bongo souligne également que le 2ème arrondissement est tenu par Jean Eyeghe Ndong, un soutien fort de Jean Ping. Mieux, à Bitam (Woleu Ntem), fief de l’opposant René Ndémezo Obiang, un bureau de vote en particulier fait l’objet de toutes les attentions de la part des avocats d’Ali Bongo : et pour cause, toujours selon le président sortant, Jean Ping y aurait remporté 103% des votes.

Attaqué sur le terrain des procès-verbaux non signés par Jean Ping, Ali Bongo Ondimba réplique dans sa réponse au recours. Ses juristes dénoncent des PV raturés, parfois signés en l’absence des représentants de la majorité, qui ont pourtant été validés par la Commission électorale nationale autonome et indépendante.

En effet, un PV, pour être valide, doit être signé par l’assesseur et les représentants du pouvoir comme de l’opposition, ce qui n’a donc pas été le cas à en croire Ali Bongo.

D’autres sources proches du parti au pouvoir affirment même qu’une partie de ces documents de la Cenap ne correspondent même pas aux originaux issus des bureaux de vote. Ce qui pousse donc le camp Bongo à demander leur annulation à la Cour constitutionnelle.

Lorsqu’il a saisi la Cour constitutionnelle jeudi 8 septembre, Jean Ping dénonçait un scrutin « totalement faux ». Il visait particulièrement les résultats mesurés dans la province du Haut-Ogooué et les 174 procès-verbaux provenant des bureaux de vote de cette région acquise à la cause d’Ali Bongo : selon ces documents, ce dernier y aurait remporté 95% des suffrages, avec un taux de participation de 99%.

Tricheur ! Tricheur toi même ! Reste que Marie-Madeleine Mborantsuo, présidente de la Cour constitutionnelle  devra démêler le vrai du faux, pourquoi pas le cas échéant, invalider l'élection pour tricherie généralisée.

Benoît BIKINDOU