Gabon Justice : Société civile et magistrats en colère à l'approche de la présidentielle

Des syndicalistes ont réclamé plus de liberté de manifestation mardi au palais de justice de Libreville, où des magistrats ont eux aussi exigé plus d'indépendance.

C'est un nouveau signe de tensions avant la présidentielle du 27 août au Gabon. Plusieurs dizaines de syndicalistes et de membres de la société civile ont réclamé sous les fenêtres du parquet la libération de leurs "camarades", arrêtés samedi lors d'une contre-manifestation près d'un grand rassemblement en faveur président sortant Ali Bongo Ondimba.

"Tous ceux qui sont avec le candidat président Ali peuvent entreprendre n'importe quelle manifestation, mais lorsqu'il s'agit d'organisations syndicales, d'ONG ou de partis de l'opposition, ces manifestations sont interdites", a déclaré Louis Patrick Mombo, du syndicat ''Dynamique unitaire'' et du mouvement citoyen ''Témoins actifs''.

Devant ce même palais de justice, les magistrats en toge noire, corporation peu habituée aux mouvements d'humeur, ont lu une déclaration devant la presse demandant plus d'indépendance.

"Le Conseil supérieur de la magistrature est fortement impacté par la présence des politiques, raison pour laquelle nous souhaitons une refonte de la Constitution afin qu'ils sortent de cette instance décisionnelle", a déclaré à le premier vice-président du syndicat des magistrats (Synamag), Justin Loundou.

"Nous avons une justice aux ordres depuis trop longtemps", a déclaré un magistrat. "Les citoyens ne nous font plus confiance. On nous accuse systématiquement de corruption. Les justiciables vont même voir des féticheurs avant les procès, car ils croient plus en leur marabout que dans la justice".

Arrielle KAMBISSY