L’économie africaine : Entre forte croissance et tensions sociales ou politiques

En 2015, la moitié des dix pays aux plus fortes croissances dans le monde entier étaient africains. Et la tendance se poursuit en 2016, ce qui signifie que, globalement, l’Afrique, continent de 54 pays et de plus d’un milliard d’âmes, résiste aux soubresauts de l’économie mondiale. Une très bonne nouvelle pour les africains et pour les investisseurs étrangers.

Tout laissait penser que l’effondrement continu des cours des matières premières ces dernières années allait plonger dans la récession les pays africains producteurs. Et il n’en a rien été : tout simplement parce que ces cinq dernières années, l’Afrique a changé de moteur de croissance.

L’économie de très nombreux pays s’est diversifiée. Elle repose beaucoup moins qu’hier sur les matières premières. Voilà pourquoi l’Afrique est beaucoup plus résiliente aux soubresauts et aux aléas de l’économie mondiale. On peut citer l’exemple du Nigeria, premier producteur d’or noir du continent : la chute des cours du pétrole n’a pas empêché celle qui est en passe de devenir la première économie africaine d’afficher une croissance de plus de 4%.

Quels sont ces nouveaux moteurs de croissance ?

C’est d’abord l’émergence des services qui transforme l’Afrique. Et au premier rang, il y a le secteur des télécoms, où sont nées les plus grandes entreprises du continent. Le bâtiment et la construction sont aussi en pleine expansion. Le secteur privé est devenu très dynamique, des réformes structurelles ont commencé, et font émerger un début de classes moyennes qui sont déjà l’un des moteurs du développement du continent. Et les entreprises françaises ne s’y trompent pas : hier en retard, ou parfois boudées pour leur arrogance, elles reviennent en force et s’y développement à vive allure : dans le sillage d’Orange, L’Oréal, Danone, Axa, Sanofi, Renault-Nissan, et des banques telle que la société générale investissent très fortement en Afrique et misent aussi sur la vitalité démographique exceptionnelle du continent.

Le paradoxe africain

Et pourtant de multiples menaces pèsent aussi sur cette Afrique qui se transforme. C’est tout le paradoxe africain. La démocratie qui marche clopin clopant, l’instabilité menace de nombreux pays, les inégalités sociales et surtout les conflits armés fragilisent des régions entières. C’est dire l’énorme responsabilité de ceux qui exercent ou vont exercer le pouvoir dans ces années décisives.

Germaine Mapanga