Congo – Dette publique : Les voyants seraient au « rouge clignotant »

Le Fonds monétaire international (FMI) a noté dans une conclusion publiée le 10 mars à Washington que la dette publique du Congo avait atteint les 77% du Produit intérieur brut (PIB). Selon la norme établie au sein de la Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique centrale (CEMAC), l’endettement public ne doit pas dépasser 70% du PIB.

Le traitement de cet encours nécessite des mesures d’ajustement du budget de l’État, selon Abdoul Aziz Wane qui a récemment conduit une mission du FMI à Brazzaville.

Le gouvernement n’a plus assez de ressources pour faire face à cette dette, car l’économie nationale, dépendant du pétrole, subit depuis 2014 les effets de la chute drastique des prix du brut sur le marché international.

Dans son budget exercice 2017 estimé à plus de 2.744 milliards de francs CFA, le gouvernement  congolais a prévu de traiter cette dette publique à hauteur de 27,6 milliards.

Les opérateurs économiques réclament quelque 5 milliards de francs CFA de dette. Ils manifestent régulièrement sous les fenêtres du ministre des Finances, l’appelant à payer leurs créances.

S’ajoutent parfois les travailleurs des sociétés liquidées comme l’ATC ou l’ONPT, qui réclamant eux aussi une lourde ardoise.

La plupart des enseignants intégrés entre 1991 et 2010 demandent également le paiement du rappel des soldes d’activités.

La dette publique s’est aussi accrue avec les retards constatés dans le paiement des pensions de retraite et les bourses des étudiants qui exigent le paiement de 3 mois de bourse de l’année 2016 avant de reprendre les cours à l’université Marien Ngouabi.

Dans le chapitre de bourses, l’État congolais a programmé 30 milliards de francs CFA cette année.

La masse salariale a augmenté jusqu’à 451 milliards de francs CFA pour cet exercice budgétaire. Le gouvernement a tenu sa promesse de verser les derniers 25% sur les salaires des fonctionnaires qui jouissent tous depuis janvier 2017 de l'indice 300.

Le gouvernement congolais avait par ailleurs sollicité auprès de la Chine le rachat de sa dette auprès des sociétés qui ont réalisé les ouvrages au Congo. C’est-à-dire, le Congo ne pouvant directement payer ses factures auprès des sociétés chinoises, l’État chinois, grâce à sa banque centrale, avait pris cet engagement, et que le Congo devrait lui rembourser. C’est aussi une dette. Actuellement, le pays n’a plus une vraie marge de manœuvre pour faire face à cette dette, analysent les spécialistes du FMI.

Poursuivant la même analyse, les fonctionnaires de l’institution du Breton Wood estiment que le Congo n’a pas été percutant dans ses choix qui ont provoqué cet endettement.

«Les prêts improductifs ont augmenté du fait de l’accumulation des arriérés du gouvernement qui a affaibli les entreprises privées. Le gouvernement a accumulé des arriérés extérieurs en 2016 et 2017», soutient Aziz Wane.

Bertrand BOUKAKA