Coup dur pour Clément Mouamba ! Moody's abaisse la note souveraine du Congo

Une mauvaise nouvelle qui sonne comme une claque de bienvenue pour le premier ministre Clément Mouamba. L'agence de notation américaine Moody's a abaissé d'un cran, fin avril, la note souveraine de la République du Congo passée à "B2".

C'est la deuxième dégradation de la note du Congo-Brazzaville en à peine deux mois. L'agence de notation met en cause la détérioration des comptes publics et une pression sur la liquidité de l'État.

L'alarme avait été tirée avec la mise sous revue la note souveraine du Congo, début mars. La menace est désormais actée. L’agence de notation Moody’s vient de dégrader la note de long terme du Congo-Brazzaville.

Moody’s note une dégradation marquée des comptes publics, qui pourraient du reste « se détériorer substantiellement pour l'exercice 2015-2016 dans un contexte de baisse des prix pétroliers et en raison des capacités limitées à réaliser un ajustement fiscal à la mesure du choc », écrit l’agence dans son rapport publié le 29 avril.

De fait, la baisse de la note du Congo-Brazzaville actée vendredi dernier est la deuxième dégradation de la signature du pays en deux mois. 

Début mars, Moody’s avait déjà baissé la note du Congo de « Ba3 » à « B1 ».

Dégradée à « B2 », cette note est désormais deux crans à peine au-dessus de la catégorie « C », qui rassemble les obligations comportant des « risques substantiels ».

Parmi les signes inquiétants révélés par Moody’s figurent : la chute des revenus publics, qui ont reculé de -48 % en 2015, et la hausse des besoins de financements du gouvernement, qui ont grimpé à 23 % du PIB, en dépit des coupes drastiques dans les dépenses en capital (-52 %).

Cette difficulté à limiter les besoins de financements s’est traduite par une hausse du déficit public qui, en termes de cash, a atteint 16 % du PIB en 2016. 

La dette du Congo a explosé. De 21 % du PIB en 2013, elle est attendue à 54 % en 2016. L’endettement public, net des réserves fiscales, a atteint 41 % du PIB en 2016, contre une position excédentaire de +17 % du PIB en 2013.

Plus inquiétant, note Moody’s, le gouvernement a dû puiser dans ses réserves pour financer ses activités. L’agence de notation prédit, qu’à ce rythme, les réserves fiscales du Congo-Brazzaville risquent d’être épuisées à la fin 2017.

L’agence de notation estime toutefois qu’une amélioration des indicateurs fiscaux et la disponibilité des sources de financement externes pourraient l’amener à hausser ces perspectives.

C'est à cela que Clément Mouamba et son ministre des finances devront s'employer. Redonner des couleurs aux perspectives de l'économie congolaise, notamment dans les secteurs hors pétrole et contrôler les dépenses d'investissement. En cela, l'État devra se serrer la ceinture de par son train de vie en évitant surtout de dépenser l'argent qu'il n'a pas.

Signalons que dans la sous région, outre le Congo, le Gabon aussi a vu sa note souveraine abaissée par Moody's.

Rappelons que Les notations financières externes sont devenues un élément tellement essentiel des marchés financiers que l’annonce par une agence de la baisse d’une notation a un impact immédiat sur le coût de financement de l’État. Cela peut se résumer à deux mots : « solvable » ou « insolvable ».

Le dicton est alors clair. ''On ne prête qu'aux riches''.

Benoît BIKINDOU