Culture : «Je rappe, donc je suis», interview de Mycke Styll

Mycke Styll, de son vrai nom Mycke Styvens Nsé, a fait ses premiers pas dans la musique à l’âge de 7 ans à Noisy le Grand, en France. Artiste polyglotte et accompli, il chante aussi bien en français qu’en anglais et sans oublier les langues congolaises.

De retour du Congo-Brazzaville à l’âge de 12 ans, il participe à plusieurs concours de danse et de musique Hip Hop avec des groupes locaux. A 16 ans, il revient en France et s’installe en banlieue parisienne à Corbeil-Essonnes, où il côtoie, malgré son jeune âge, les plus grands noms du rap français comme le Secteur A, et c’est à ce moment qu’il va acquérir de l’expérience. En 2001, Mycke Styll s’installe dans l’agglomération Bordelaise pour continuer ses études Universitaires, sanctionnées par un diplôme en Bio-Chimie. Mais la musique prend toujours une grande partie de son temps. Il crée le groupe BZM SELEECK et fait plusieurs rencontres qui aboutiront à la sortie de son premier maxi single auto produit intitulé « Maman » et distribué par Musicat. Grace à ce single, Mycke Styll se produira sur plusieurs podiums à travers la France. Dans la foulée, il sort, toujours en auto-production, deux autres singles qui trouveront le succès auprès du public. De là, Mycke Styll commence à s’imposer dans le milieu du rap et surtout dans le sud-ouest de la France, plus précisément à Bordeaux où ses fans le surnomment « Le best du Sud-Ouest ». Avec la sortie de son nouvel album « Casino Royal », Mycke Styll a su s’entourer des grands noms de la scène rap Français en faisant des featurings avec des artistes tels que Alibi Montana, Ol’Kainzy, Jango jack, Jacky Brown, poison, Kamnouze, Audrey valorzy, Lynsha et Aminata Kouyat.

Dans ce nouvel album, un des titres de l’album « Ca le fait » a été l’objet d’un clip avec les élus de l’agglomération Bordelaise; Alain Juppé, Bernard Seurot, Alain Cazabone et Noel Mamère, maires de Bordeaux, de Bruges, de Talence, et de Begles, qui se sont laissés persuader de participer à la réalisation du clip produit par l’association « THE PURE HERITAGE LA FELICITE », association dont Mycke Styll est l’ambassadeur et qui lutte contre la pauvreté, la délinquance juvénile et autres fléaux. Ce qui montre l’implication du jeune rappeur auprès des jeunes de l’agglomération Bordelaise.

Pour Mycke Styll, ce nouvel album produit par son propre label MAX ONE représente la consécration après tant d’années de travail, enregistré entre Bordeaux, Paris et Miami pour les tournages de clips avec des rythmes métissés. Il chante pour lutter contre la délinquance juvénile, la pauvreté et des faits divers de la société, et démontre que le rap est un style de musique qui peut apporter un message positif.

Les Echos du Congo Brazzaville (LECB) : Depuis quand faites-vous du Rap et aviez-vous reçu l’onction de vos parents ?

Mycke Styll (MS) : Je fais le rap depuis l'âge de 12 ans. Ma mère a toujours voulu que je réussisse dans la musique, mais en passant par l’école. Et je n’ai pas trahi la volonté de ma mère et je pense que cela vient d'elle l'onction.

LECB : En deux phrases, comment êtes-vous venu au Rap ?

MS : L'envie de changer les mœurs, se démarquer des autres en montrant qu'il n'y a pas de sot métier. L’envie d’exister. Je rappe, donc je suis.

LECB : Quelle est la base de votre réussite en France ?

MS : Volonté, persévérance, saisir ma chance au bon moment et surtout le respect envers autrui sans oublier le travail acharné, professionnel. Rare sont les artistes qui par leur comportement ont montré la direction à suivre, mais moi, je montre à mes cadets le chemin à suivre et la manière de travailler.

LECB : Que chante Mycke Styll ?

MS : Les faits qui marquent la société. Je ne dénonce rien. Tout le monde voit ce qui se passe et sait tout. Pour moi la meilleure façon d’évoluer, c’est d’avancer dans la positivité. Réussir dans la vie, c’est justement prendre conscience de cette réalité qu’on a été façonné à l’image de Dieu et qu’il n’a pas voulu créer des esclaves dans ce monde.

LECB : Qu’est-ce qui vous démarque des autres rappeurs congolais et africains ?

MS : Mon style, ma plume, ma simplicité et ma vision du monde. La positivité. On ne va pas changer le monde tout de suite, mais on peut éduquer nos enfants autrement.

LECB : Le Rap congolais a-t-il évolué depuis de nos jours au niveau des sons, des lyrics et des flows ?

MS : Oui le rap congolais a évolué. Les rappeurs sont devenus matures et responsables. Les textes ont pris également de la hauteur et nous avons de nos jours, une autre vision de la société.

LECB : Combien d’albums sur le marché des œuvres phonographiques ?

MS : Quatre albums et trois singles.

LECB : Les artistes et groupes de Rap qui ont influencé votre vie d’artiste ?

MS : Wu tang crew, Tupac, Jay-z, Nas…

LECB : Vos sources d’inspiration ?

MS : La société, la famille, l'amour, la politique, ce que je touche, ce que je peux ressentir dans la douleur des autres.

LECB : Votre vision pour la Rap congolais ?

MS : Le rap congolais a besoin d'un encadrement afin de se démarquer des autres par un style propre et unique. La révolution sa fait dans l’effort. Je veux que le rap congolais soit compétitif. Notre rap doit aller à la recherche de l’originalité et j’invite les rappeurs congolais à creuser dans nos traditions. La richesse du rap congolais, c’est aussi la multitude d’ethnies, de cultures et de sonorités. Chacun peut en faire une identité.

LECB : Quel Rap pratiquez-vous aujourd’hui ?

MS : Je suis un artiste polyvalent et j'aime faire des albums éclectiques. Je peux faire du gangsta rap tout comme du rap conscient ou du rap lover.

Propos recueillis par Jean-Jacques Jarele SIKA