Denis Sassou Nguesso encourage les écrivains africains à s’investir dans la littérature engagée

Le président congolais, Denis Sassou Nguesso, auteur d’un certain nombre d’ouvrages dont « L'Afrique : Enjeu de la planète, les nouveaux défis du développement durable » a encouragé les écrivains africains à s’investir dans la littérature engagée.

Le numéro un congolais qui accorde un intérêt particulier à l’écrit, a fait cette déclaration lors d’une conférence de presse mercredi à Brazzaville.

«Nous attendons des écrivains africains de l’engagement. Nous sommes en pleine période de combat. L’Afrique est à la croisée des chemins, il faut que nous rencontrions de plus en plus de littérature engagée», a souhaité le président Sassou Nguesso devant la presse nationale et internationale.

Un écrivain est un éveilleur de conscience. Il vit dans la cité. Son apport dans tous les domaines est largement tributaire de la conscience aiguë qu’il est une corde sensible de la société.

Au Congo par exemple, l’écrivain chercheur Michel Innocent PEYA a eu le courage, l’ingénuité ou la curiosité de traiter les choses qui ne sont pas dites, qui ne sont pas majoritairement admises.

Face à une démocratie à l'occidentale qui déstabilise plus qu'elle ne construit, les États africains, l'écrivain congolais pense à une formule plus adaptée au continent africain: instaurer et appliquer une démocratie à l'africaine.

Dans son ouvrage de 340 pages, publié aux Editions Betras de Kinshasa, intitulé « Entre le bon sens et l’alternance absolue, l’Afrique à la croisée des chemins », la littérature a joué un grand rôle dans la prise de conscience des élites politiques face aux méfaits de l’Alternance absolue. Michel Innocent PEYA a proposé un chemin, contenu dans sa théorie du « mythe de la termitière et son application dans la vie des nations ».

Dans cette construction intellectuelle, l’écrivain engagé souligne que les Nations et les États fonctionnent à l’image de la termitière. Au fond de celle-ci, on trouve une mère des termites appelée " reine-mère". Cette reine constitue le soubassement même de la termitière. C’est au tour d’elle que toutes les autres termites se mobilisent. Elle les influence et les attire vers elle. Son départ implique le déplacement de toutes les termites et l’écroulement de la termitière.

Ce mythe explique bien ce qui se passe en cas du départ précipité d’un leader visionnaire et ses effets à travers la sagesse tirée de l’observation du cycle de vie d’une termitière.

Face donc au dilemme devant lequel les pays africains se retrouvent, il faut recourir au bon sens qui est une vertu de la démocratie à l’Africaine. Il impose que les citoyens d’une nation privilégient les valeurs du dialogue, du compromis dans la résolution des conflits.

Cet engagement a été salué au Congo, en Afrique et dans le monde. Et les différentes récompenses à travers le monde sont là une preuve apodictique de l’engagement de l’auteur.

On rappelle que c’est à partir des années 80, après l’effondrement du Communisme, que le concept d’engagement littéraire va semble-t-il être contraint d’évoluer et de se renouveler mettant de plus en plus l’écrivain africain dans une situation inconfortable partagé qu’il est entre le désir de rester un écrivain politique, proche des préoccupations de son peuple, et celui de revendiquer une autonomie créatrice.

Sony Labou Tansi s'y est beaucoup investi en son temps à travers ses écrits, même s'il se disait plutôt engageant qu'engagé.

De plus, aujourd’hui, si la question de l’engagement artistique fait à nouveau débat, c’est qu’il ne s’agit certainement pas du fruit du hasard au regard de l’époque confuse et incertaine à laquelle nous devons faire face.

Nous assistons en effet, à une perte des repères et des idéaux conduisant les hommes de pensée (intellectuels, écrivains) à adopter des projets d’écriture, c’est-à-dire des engagements différents dans leur travail de création.

Quelles sont les interrogations qui se sont posées ou se posent encore à la littérature engagée subsaharienne en cette ère de mondialisation ?

L’exhortation de Sassou Nguesso doit interpeller les écrivains africains, à être encore un peu plus proche de la vérité des peuples pour éviter que l’Afrique soit sclérosée.

Germaine Mapanga