RDC: Joseph Kabila a élevé papa Wemba à la dignité de « Grand Officier »

C’est au regard de bons et loyaux services qu’il a rendus à la Nation congolaise, à l’Afrique et au monde dans le domaine culturel que la super star a été élevée au grade de « Grand officier » sur proposition du chancelier des ordres nationaux.

La reconnaissance des mérites de Shungu Wembadio Jules, alias Papa Wemba, comme chanteur et auteur-compositeur, lui a valu cette décoration spéciale du chef de l’État le 2 mai en fin de matinée.

À l’illustre disparu ne pouvait être rendu meilleur hommage de la part de la Nation que celui de « Grand officier », à savoir qu’il s’agit-là du titre le plus élevé de l’Ordre national des Héros nationaux Kabila et Lumumba.

La décoration à titre posthume réalisée par le président de la République, Joseph Kabila, était le point d’orgue de la première cérémonie funéraire organisée en RDC en mémoire du « Maître d’école ». Elle est survenue peu après l’accueil de la dépouille mortelle au Palais du peuple.

Les hommages officiels ont été ponctués par les trois oraisons funèbres dits respectivement par Kady, fille aînée de Papa Wemba, Jossart Nyoka Longo, en qualité de représentant des musiciens, et le ministre de la Culture, Baudouin Banza Mukalay.

Aînée d’une fratrie de six enfants, elle s’est dès lors employée, a-t-elle dit, à « révéler le cœur de la star ». Kady d’affirmer alors face à la nombreuse assistance : « Papa était un père aimant, affectueux, très généreux et d’une hospitalité légendaire ». Et elle a ajouté à ce propos  : « Je vous révélerai même qu’il a eu à adopter des enfants de la rue avec lesquels nous avons grandi et que nous considérons comme nos frères et sœurs. Nous avons vécu avec un père dont le témoignage, la générosité attestée par plusieurs ne pouvait que nous rendre fiers de lui. Parmi tant de valeurs qu’il nous a enseignées, le sens de la responsabilité en fait partie. J’en sais quelque chose, moi qui vous parle ».

Après l’évocation des traits de caractère d’Ekumani, Kady s’est appesantie sur une de ses qualités, celle qui l’a mené à être tenu pour l’ambassadeur de la culture de sa terre natale, le Congo. « Mon père avait su allier la tradition à la modernité. Malgré toute l’influence de l’Occident sur sa personnalité artistique, il était resté fortement attaché aux valeurs coutumières, ancestrales et traditionnelles de cette Afrique et de cette RDC dont il était si fortement imprégné », a-t-elle dit.

Il lui est également paru opportun de relever, en sus, que Bakala dia kuba était « profondément respectueux des valeurs de la vie. Il savait être infiniment sévère, généreux et exigeant. Il n’avait pas pour coutume d’engager les conversations. Il fallait l’y entraîner. En fait, l’homme public était extrêmement privé, très introverti. Son regard néanmoins et son sourire lui servaient pour traduire l’amour, l’affection et l’attachement qu’il avait pour nous. Ce regard porté sur nous ses filles, telles des princesses, a eu pour répondant la place de choix que nous lui réservons depuis toujours dans nos cœurs. Le roi que nous voulions honorer a tout prix. Papa avait promis à ma fille aînée Ambre, bachelière cette année, de l’emmener à l’autel le jour de son mariage. C’est vrai, c’était un chef de clan, un patriarche ».

Et ce n’est non sans émotion que Kady a tenu à lever le voile sur les supputations soulevées autour de la condition physique de son géniteur bien-aimé : « Au nom de toute la famille, j’aimerai cependant porter quelques précisions. Devant témoins, ma mère et moi-même, le médecin de mon père lui avait confirmé après des examens approfondis qu’il était en bonne santé. Si nous avions eu le moindre doute sur son état, ma mère et moi, nous n’aurions jamais accepté qu’il puisse faire un concert en Côte d’Ivoire. Nous confirmons donc qu’il était en bonne santé ».

De conclure son oraison funèbre avec une recommandation particulière à l’intention de tous  : « Enfin, nous vous serions donc gré de ne pas spéculer sur quelques négligences des organisateurs du festival et de son manager Cornélie Malongi.

En Afrique, le deuil est symbole d’unité, de pardon, de partage et de solidarité totale et de renforcement des liens. Nous souhaitons que le deuil de Papa Wemba s’inscrive dans cette logique. Si la mort de mon père en Côte d’Ivoire rallume la flamme de la Nation congolaise pour la culture et sur la scène internationale, le débat du dépassement des frontières culturelles et la transcendance de la mort d’un artiste par la survie de son œuvre et de ses idéaux, sa philosophie, dans le cas de mon père, il y aura internationalisation de son art. Et nous pourrions alors dire Bravo Papa ! Bravo l’artiste. Même par ta mort, tu auras réussi un double. Relier à jamais l’histoire culturelle de deux nations : la Côte d’Ivoire et la RDC. Et par la même occasion transcender l’histoire des nations et des peuples. Il y a eu un Papa Wemba en RDC, le seul et l’unique. Je vous demande à tous de multiplier et de repartir avec une part de Papa Wemba chez vous. Je suis Papa Wemba ».

Arrielle KAMBISSY